Sois une sage-femme !

J’étais encore sous l’influence du channeling du matin, "Plonge dans ta profondeur", troublé par l’intensité de cette invitation à descendre au centre de la Vesica Piscis, ce passage vers la source primordiale. Un appel irrésistible, mais aussi une peur viscérale. Comme si quelque chose en moi savait que je ne serais plus le même après l’avoir traversé.
Là où mon esprit aurait voulu comprendre, mon corps ressentait. Une tension entre l’attraction et la répulsion, une résistance profonde face à l’inconnu. J’avais touché quelque chose en moi, mais je ne savais pas encore quoi.
L’après-midi de ce jour, un autre indice m’attendait.

Depuis l’ouverture de cet espace intérieur, tout en moi vibre plus intensément. Chaque image qui me traverse parle de gestation, d’enfantement, de passage initiatique. Fécondation, mitose, embryon, accouchement, naissance… Ces mots, qui auraient pu n’être que des symboles, sont devenus des sensations, des réalités vécues, attirantes et dérangeantes tout à la fois.

Quelque chose se prépare en moi. Une compréhension nouvelle cherche à éclore et à prendre forme dans ma vie d’accompagnant de personnes en souffrance ou en crise.

Alors que je me prépare à recevoir une femme en entretien, un élan intérieur me pousse à faire une chose nouvelle : demander consciemment la guidance d’Inanna.
Je ferme les yeux. Immédiatement, un channeling spontané émerge.

« Plonge dans ce centre en toi,
Prends davantage contact avec ta féminité dans ta profondeur,
Sois encore plus doux et tendre,
Deviens maternel.
Sois une sage-femme,
Non pas pour accoucher des corps mais des âmes.
Prends soin d’elles pour qu’elles grandissent et deviennent fortes.
Sois un accoucheur d’âmes ! »
(5e channeling)

Quand j’ouvre les yeux, je sens que quelque chose s'est passé en moi, comme si une porte avait été franchie.
Je ne réalise pas encore ce que cela signifie, mais je vais l’expérimenter.

Quelques minutes plus tard, elle est là, face à moi.

Mais cette fois, je ressens la rencontre différemment. Quelque chose en moi s’est adouci, ma voix est plus enveloppante, mon regard plus profond, je me sens beaucoup plus réceptif. Je n’ai pas seulement envie de comprendre son vécu, je l’accueille en moi et je résonne avec son ressenti.

C’est comme si je veillais sur un processus fragile, une gestation intérieure. Un espace sacré, où quelque chose en elle cherche à naître.
Elle se sent en confiance, parle librement, à cœur ouvert.

Soudain, une image anodine surgit en moi. Sans réfléchir, je la lui partage pour illustrer la tension qu’elle vit. Mais elle s’arrête net, le regard étonné.

« C’est exactement ce que j’ai vécu dans mon adolescence avec ma mère… »

Je suis stupéfait, elle aussi.

Elle ne m’avait jamais parlé de sa mère. Et pourtant, l’image était juste, dans les moindres détails. Un passage s’est ouvert en elle. Une mémoire, un lien caché, une porte qui attendait d’être franchie.

Alors, dans un élan spontané, une autre phrase me vient :
« En vous, il y a une guerrière pacifique. Laissez-la se manifester. »

Elle est surprise. Moi aussi. C’est la première fois que je lui parle ainsi si directement.

Une énergie nouvelle a émergé. Sans que je le décide, quelque chose en moi a accompagné le début d'une naissance intérieure.

Ce n’est que plus tard que j’ai pris la mesure de ce qui s’était joué.

Socrate se disait lui aussi sage-femme. Il parlait de maïeutique (en grec, l’art des sages-femmes), cet art d’accoucher les âmes, non pas en leur apportant un savoir extérieur, mais en révélant en elles une connaissance déjà présente, mais enfouie dans la profondeur, à la limite de la conscience.

Platon met également en scène la métaphore de la naissance spirituelle dans Le Banquet. Par la voix de la prêtresse Diotima, il révèle que tout être humain est spirituellement enceint, porteur d’un désir profond d’enfanter du sens et de la beauté.
Ici, le savoir n’est plus une structure figée, imposée comme un père formant une matière passive. Il devient un enfantement mutuel, une gestation intérieure où l’âme, en résonance avec la Beauté, donne naissance à une vérité vivante.

Cette vision reconnaît la réceptivité comme une force : la capacité à porter en soi l’empreinte du divin, à laisser s’inscrire en profondeur ce qui veut naître à travers nous.

Je comprends que mon rôle ne consiste pas à donner des réponses, mais à créer l’espace propice en moi pour que l’autre accouche de sa propre vérité.
Tout s’est aligné.

Le Féminin sacré est une matrice de transformation.
L’accompagnement est une gestation.
L’initiation est un passage où peut naître un être nouveau.

Et cet après-midi-là, je suis entré dans une nouvelle dimension de mon travail d'accompagnement.

Je ressors de cette prise de conscience bouleversé.

Mon rôle n’est plus seulement d’accompagner, d’écouter, de comprendre. Il est de créer un espace en moi où l’autre puisse se découvrir, laisser émerger ce qui était encore enfoui en lui. Ce n’est plus seulement une transmission, c’est une gestation.

Une présence douce et solide à la fois, une ouverture aux intuitions qui surgissent, une confiance inébranlable dans le processus de l’âme. C’est ce que je ressens aujourd’hui.

J’ai ouvert en moi un espace d’accueil, une matrice où l’autre peut s’accoucher lui-même.

Il y a encore quelques mois, je vivais une séparation intérieure entre mon esprit rationnel et mes émotions, entre mon corps et mon âme.

Aujourd’hui, je comprends que tout cela est un seul et même processus organique, féminin, maternel, que j'accompagne comme une sage-femme.

Écouter, c’est accueillir une naissance : L’écoute véritable ne consiste pas seulement à comprendre ou à analyser, mais à créer un espace où l’autre peut accoucher de sa propre vérité. Accompagner quelqu’un, c’est veiller sur un processus fragile, comme une sage-femme assiste à un enfantement sans jamais forcer le mouvement.

L’intuition est une guidance intérieure à cultiver : Lorsque l’on s’ouvre pleinement à l’autre, une intelligence plus profonde se manifeste. Les images, les mots justes, les connexions cachées émergent sans effort, comme si elles étaient déjà là, attendant d’être révélées. Faire confiance à cette intuition, c’est honorer la sagesse du Féminin sacré en soi.

Le Féminin sacré est un espace de transformation : Accueillir le Féminin sacré en soi, c’est permettre la transformation intérieure. Cette énergie maternelle n’est pas une simple douceur, mais une puissance transformatrice, un contenant où la vie, les émotions et les âmes peuvent éclore et grandir.

De la plongée dans la Vesica Piscis jusqu’à l’éveil de la sage-femme en moi, chaque expérience a creusé un espace où l’énergie d’Inanna pouvait se manifester, où le mystère de la Grande Mère pouvait résonner dans mon être.

Mais cette transformation ne se limite pas à une prise de conscience : elle cherche à s’ancrer, s’incarner, s’exprimer. Le lendemain, je reçois un nouveau channeling sous la forme d'un quatrain énigmatique.

Et toi, as-tu déjà ressenti en toi une force profonde qui cherche à s’incarner dans ta vie, sans que tu saches encore où elle te mènera ?