Les Mystères d'Inanna
Un voyage initiatique vers la métamorphose

Je découvre que mon genre est plus fluide

Encore perturbé par ma sortie de l'Église, je prends l'avion pour le Sénégal, mon pays de cœur, où je vais passer quelques vacances. 

Dans l'avion, nous sommes choyés par les hôtesses. Au début, toujours pensif, je ne remarque pas grand-chose chez ce jeune steward. Puis, au fil de ses allées et venues, par sa manière de me servir, de me parler—très professionnelle mais attentive, délicate, je dirais même douce—le trouble m'envahit. Le ton de sa voix, sa déférence, la précision pleine de délicatesse de ses gestes, son attitude intérieure me touchent.

Pourquoi suis-je autant troublé ?

Je me dis en moi-même : J'aime la façon qu'il a de me parler et de faire attention à ce dont j'ai envie. Pourquoi suis-je si troublé ?

Je cherche à comprendre ce trouble indéfinissable. Est-ce sa délicatesse, inattendue pour moi chez un homme ? Est-il gay, et cela résonnerait-il avec un ressenti refoulé en moi ?

Je m'ouvre sans inhibition à ce questionnement.

Un rêve troublant 

Durant toute ma première journée, je me penche sur la notion de délicatesse, un mot important dans ma vie depuis deux ans. La nuit suivante, je fais un rêve :

Je marche dans la rue avec une femme. Je sens une attirance pour elle. Tout en marchant, nos corps se frôlent, il me semble que nos mains se touchent discrètement avec délicatesse. Puis je lui dis :

"Tu sais que je ne ferai rien avec toi que tu ne désires."
Elle me répond : "Oui, je sais."

Arrivés à destination, nous rencontrons une connaissance. Je me sens surpris et très mal à l’aise, pour moi et pour la femme qui m’accompagne.

Je me réveille brusquement, comme si j’avais la gueule de bois après une soirée trop arrosée. Mon trouble est à son paroxysme. Décidément, cette délicatesse a quelque chose à me dire que je n’ai pas encore compris.

Dans mes autres rêves avec une femme amicale et pleine de sagesse, que je vais appeler Sofia, je n’ai jamais ressenti cette délicate tension, cette sensualité contenue. C’est nouveau pour moi.

Une locution qui reconfigure ma perception de moi-même

Durant ces vacances d’octobre où je suis seul, je passe l’essentiel de mes journées et de mes nuits entièrement nu. J’éprouve une sensation physique de liberté et de contact avec les éléments. Cela me régénère, et personne n’en est gêné dans cette belle propriété arborée, bercée par le chant des oiseaux.

L’eau est à 30°, la température parfaite pour moi. Souvent, je prends une petite enceinte et mon portable pour écouter de la musique. Ce matin, sans y réfléchir, je mets le Stabat Mater de Pergolèse, chanté par Philippe Jaroussky, un contre-ténor bien connu pour sa voix sublime, très haute et troublante.

En écoutant le mouvement le plus célèbre, tout en étant enveloppé jusqu’au cou par cette eau tiède et apaisante, je pense avec émotion que cette voix évoque pour moi les chants au paradis, par ce mélange unique du masculin et du féminin dans une seule voix.

Ce trouble indéfinissable me reprend et, soudain, une locution monte en moi avec puissance ;

Androgyne !

Je connais cette notion venant d’un mythe de Platon, mais je n’utilise jamais ce mot, que je perçois comme dérangeant et connoté négativement.

Je sens que cela ne concerne pas un but à atteindre, mais c'est en fait ce que je suis. Mon trouble se change en ébullition. Il faut que je comprenne ce que cela implique.

Une écriture spontanée révélatrice

Sorti du bain, je me mets immédiatement à écrire ce que je viens de vivre avec cette locution. Je sens que c’est important, sans me rendre compte que cela va bouleverser ma compréhension de moi-même.

  • Ne renie pas ta part féminine en toi. Regarde-la comme un facteur équilibrant et précieux.
  • Accueille-la comme une ressource pour augmenter ton empathie et mieux ressentir tes émotions. Ne la considère pas comme une faiblesse, mais une force.
  • Elle te met en contact avec la Mère divine.
  • Ne renie pas non plus ta part de masculinité et de virilité dans tous les aspects de ta vie.
  • Profite de son envie d’entreprendre et de réaliser de nouvelles choses pour toi et les autres.
  • Accepte sa combativité et sa force quand la situation l’exige.
  • Sois féminin avec ceux et celles qui sont trop masculins et masculin avec ceux et celles qui sont trop féminins. Sois une source d’équilibre, pas une accentuation du déséquilibre.
  • Sois androgyne, ne préférant être ni masculin ni féminin, ni hétérosexuel ni homosexuel, ni actif ni réceptif, ni trop tendre ni trop dur, ni trop blessant ni trop soignant.
  • Trouve l’intégration harmonieuse au-delà de ces oppositions dans une vision et une vie inclusives qui intègrent les opposés et les équilibrent.

 

Je m’étonne d’avoir écrit cela si spontanément, comme si c’était dicté par une partie de moi ou une présence féminine familière que je perçois depuis si longtemps.

La découverte de la théorie de Sandra Bem

Ce n’est que l’après-midi—alors que cette locution et son interprétation ont eu lieu le matin—que je m’intéresse intellectuellement au concept d’androgynéité avec l’aide d'une IA, qui m’oriente immédiatement vers Sandra Bem.

Je télécharge quelques articles en anglais de cette psychologue sociale, que je fais traduire par une autre IA. Je découvre qu’elle a élaboré un test, le Bem Sex Role Inventory (BSRI).

Je mets la main dessus et le passe. Le résultat est sans appel, cohérent et précis : j’ai des scores élevés de masculinité et des scores élevés de féminité. C’est le signe indubitable que, biologiquement, je suis un homme, mais psychologiquement androgyne, équilibrant quasi parfaitement mes parties masculines et féminines—sauf lorsque j’active mon système de défense trop masculin, construit dès mon enfance.

Je ne suis pas un homme efféminé, mais un être androgyne, masculin extérieurement et féminin intérieurement. Ce n'est pas encore confortable, mais c'est ce que je suis.

Une reconfiguration profonde de mon identité est en cours de téléchargement

Durant le reste de mes vacances, j’explore tous les domaines de ma vie et me pose des questions nouvelles. J'ai décidé de ne reculer devant rien:

  • Pourquoi ai-je un rapport problématique à mon corps et à ma sexualité ?
  • Et si mon genre était devenu plus fluide m'ouvrant ainsi à une inclusivité inconditionnelle inédite ?
  • Pourquoi mon système de défense masculin s'active-t-il et comment mon moi intime féminin se manifeste-t-il concrètement ?
  • Comment vais-je vivre pleinement cette androgynéité psychologique en moi et avec les autres ?
  • Dois-je en parler ? N'est-ce pas trop intime ?

 

Revoir ces points importants de ma vie sous une lumière intégrant mon androgynéité m’amène à une acceptation pleine et entière de ce que je suis, de mes vulnérabilités mais aussi de mes atouts.

J’ai franchi ce cap difficile, tel un col escarpé dont je ne connaissais pas l'existence ou une caverne sous-marine dans laquelle je n’avais jamais osé m’aventurer auparavant.

Je termine mes vacances dans une paix nouvelle, avec la sérénité de l’intégration et de l’acceptation de qui je suis—à une profondeur que je n’imaginais pas atteindre un jour.

Je suis même reconnaissant et émerveillé.

Et si nous étions tous traversés par cette dynamique masculine et féminine, cherchant notre propre équilibre intérieur ?

 3 enseignements clé

Le trouble est un messager, écoute-le : Ce qui nous perturbe profondément n’est pas un ennemi à fuir, mais un messager intérieur qui cherche à nous révéler une vérité enfouie. Accepter le trouble, c’est ouvrir la porte à une compréhension plus authentique de soi.

L’androgynie est un équilibre, pas une contradiction : Nous portons en nous des dimensions masculines et féminines qui ne s’opposent pas mais se complètent. Loin d’être un conflit, l’androgynie psychologique est une richesse qui permet une vision plus large et plus harmonieuse du monde et des relations.

S’accepter, c’est s’unifier : L’acceptation de toutes nos facettes—sensibilité, force, douceur, combativité—conduit à une unité intérieure. Ce n’est pas en choisissant une seule identité que l’on s’épanouit, mais en embrassant l’ensemble de ce que l’on est, sans peur ni rejet.

Vais-je oser en parler ?

Mais une angoisse m’habite : aurai-je le cran d’en parler, déjà à ma femme, puis à d'autres ?

Ne vais-je pas être rejeté, considéré comme un paria ? N'est-ce pas en lien avec cette sensation dérangeante que je suis différent ? N'en n'ai-je pas déjà assez souffert ?

Oserai-je faire mon coming out androgyne ?

Un mois et demi plus tard, je reçois mon premier channeling.

Inanna, elle, va m’en parler... souvent et m'ouvrir d'autres perspectives insoupçonnées.

Et je vais comprendre... enfin... le sens profond de mon rêve sensuel : cette femme qui m’attire, c’est cette part féminine en moi dont je suis tombé amoureux et qui m’appelle à l’union androgyne.

Si tu prends un instant pour revisiter tes propres expériences, quel moment de ta vie t’a mis face à une part de toi que tu ne soupçonnais pas ? Oseras-tu l’explorer ?