Une décision déclenche un bouleversement

Je vais te la faire courte pour me concentrer sur l'essentiel : : À 20 ans, je me convertis et me plonge dans divers milieux évangéliques radicaux. J'adhère à leurs doctrines, considérant la Bible comme la Parole directe de Dieu, et je me soumets à leur morale puritaine.

En juillet 1993, à 34 ans, je m'ouvre à une présence féminine et maternelle, que je recherche chez la Vierge Marie, la figure la plus proche de ce que je ressens à l'époque. En 1995, j'entre dans la pleine communion de l'Église catholique, attiré par sa vénération de Marie. Le reste, pourtant, m'intéresse peu, me pesant par son appel insidieux à un conformisme étriqué et sans vie.

En octobre 2024, je décide de quitter officiellement cette Église. Que s'est-il passé pour en arriver là ?

En 2003, je me sépare et divorce de ma femme. En 2005, je me remarie civilement. Dès ce moment, la réalité de ma vie religieuse se voit réduite à néant. Malgré les discours tendres de l'Église envers les divorcés remariés, plus d'Eucharistie, plus de pardon en confession. Je suis en situation irrégulière. Traduction en français courant : je suis un proscrit, un laissé pour compte. Je reçois ce message : « Tu es le bienvenu, mais sois invisible ».

Ce message, je le connais bien. Il m’a percuté quand j’avais 8 ans : « Tu as bien de la chance que mon fils ait épousé ta mère avec un enfant après la mort de ton père. Sois donc reconnaissant et sois sage », disait ma grand-mère, une pieuse croyante évangélique bourgeoise, en me servant un steak, pendant que ma mère se cloîtrait dans sa chambre avec son litron de rosé.

En mai 2016, je rédige ma première demande de sortie de l'Église. Un mois plus tard, je renonce : rien ne m'attend après, et ce vide m'angoisse.

Quelques semaines après, avec l'aide d'un prêtre spécialisé en droit canonique, je trouve un point subtil et tordu inconnu de l'évêque auxiliaire de mon diocèse que j'ai consulté. Ce prêtre me permet de demander une annulation de mon 1er mariage auprès du tribunal diocésain. En fin d'année, mon premier mariage est annulé. Je suis redevenu un catholique "régulier", par "miracle". Un effet de la "grâce du Père". Le soupçon s'est installé et ne me quittera plus.

Pour moi, j'ai atteint le fond abyssal de l'hypocrisie du système catholique. Quelque chose s'est brisé en moi, même si j'ai épousé ma 2e femme à "l'Église" dans un sanctuaire marial quelques mois plus tard. Ce statut officiel de divorcé-remarié m'a traumatisé pendant 13 ans, et je ressens cette annulation d'un mariage de plus de 20 ans comme une farce sarcastique.

Puis, en juillet 2023, ma vision de la Ténèbre, de son accouchement de la création, initie un processus irréversible de désintégration de ma foi religieuse. (voir "Ma vision de la Ténèbre primordiale"). Un peu plus tard, je reçois une autre vision d'une cathédrale en feu, plongeant dans la profondeur de la terre jusqu'à l'origine, où Dieu me dit « Je suis là, descends encore » (voir "Vision d'une cathédrale détruite").

Ce processus de "dénudation radicale" ne fait que commencer. Je commence à rejeter tout dogmatisme, toute morale fossilisée, pour embrasser une inclusivité de plus en plus totale et initier mon propre chemin spirituel avec des valeurs plus ouvertes.

En octobre 2024, je rédige ma lettre de sortie officielle de l'Église catholique romaine. Voici l'essentiel de ce que j'y écris :

"Cette décision, mûrement réfléchie depuis plusieurs années, est motivée par un désaccord irréconciliable sur plusieurs points que l'Église considère comme inviolables, mais en particulier :

• La position du magistère sur les catholiques divorcés et remariés, à qui l’Église refuse un nouveau mariage religieux tout en prêchant l’accueil et la miséricorde.
• La discrimination envers les femmes, confinées dans des tâches subalternes alors qu’elles devraient légitimement accéder à des charges importantes.
• La marginalisation des personnes LGBT+, qui devraient pouvoir accéder à tous les sacrements sans se cacher ni avoir honte de leur genre ou de leur orientation sexuelle.
• Et surtout, le comble du comble : les scandales d’abus sexuels et d’emprises psychologiques chez les clercs et religieux, qui se répètent sans fin, après des décennies d’omerta, au plus haut niveau de l’Église, de manière digne d’une mafia.

Cela suscite en moi un fort dissentiment et un dégoût insurmontable envers votre institution. Je ne veux plus avoir aucun lien avec elle."

Je reçois une réponse sous forme d'un formulaire à remplir. Quelle froideur administrative de la part d'une Eglise qui se prétend "Corps du Christ et Mère des croyants" ! Pour moi, elle n'aura été durant 31 ans qu'une marâtre.

En 2016, j’ai renoncé par peur du vide. Cette fois, c’est différent.

Aujourd'hui, je me sens libéré d’un fardeau. Je suis beaucoup plus libre d’explorer ma quête intérieure, plus autonome. Le locus de contrôle externe chrétien a laissé place à un locus de contrôle interne, à un dialogue avec mon inconscient. Je perçois, en moi et au-delà de moi, un fond transcendant que j'appelle la Mère Divine. J’ai expérimenté sa présence, notamment lors de rencontres en accompagnement, où sa tendresse maternelle m'a envahi (Voir "Quand le mental s'efface, l'expérience commence")

Ce qui m’attend après cette sortie, je le sens : ce n’est pas le néant, mais une liberté intérieure et une quête renouvelée de transcendance. Ce n’est pas la fin, mais le début de quelque chose de vivifiant et d’aventureux.

Je ne suis plus sur la voie des autres, je trace ma propre route sur une terre inconnue que j’apprends à découvrir.

C’est pour moi un réveil après un sommeil sous narcotiques religieux de plus de 45 ans.

Je me sens libre… Enfin !

Se libérer des dogmes pour toucher l'authentique : Se libérer des croyances imposées crée un espace pour une spiritualité plus authentique. La rupture avec les structures rigides, bien que douloureuse, peut ouvrir la voie à une relation directe et personnelle avec le sacré, permettant de renouer avec une vérité plus profonde.

La sacré ultime guérit l'âme en profondeur : La quête du sacré divin, dans ses aspects maternels et féminins, offre une guérison spirituelle. Cette présence bienveillante nourrit l’âme et permet de traverser les épreuves avec tendresse et guidance, en nous reconnectant à une énergie d’amour apaisante et enveloppante.

Chaque crise spirituelle est une étape d'évolution : Le parcours spirituel est un chemin sinueux, marqué par des moments de doute et de transformation. Les crises et les ruptures ne sont pas des obstacles, mais des opportunités pour approfondir notre compréhension intérieure et réinventer notre relation avec le sacré et les autres.

Six mois auparavant, j’ai créé l’association Les Voix du Cœur (lien vers son site) et ouvert un cabinet à Payerne, où je propose mes accompagnements en tant que conseiller-thérapeute bénévole. Avant cela, j'avais pris ma retraite légale, tout en continuant à travailler pour mon entreprise le matin et à recevoir des personnes en consultation l’après-midi.

Rapidement, des femmes sont venues me confier leur vécu douloureux : des récits d'enfance marquée par l’esclavage, la brutalité, l'abandon mais aussi des abus, et des viols perpétrés pendant des années par des membres de leur propre famille.

Une partie de moi résonne avec cette Féminité douloureuse

J'accueille profondément en moi cette Féminité bafouée, la douleur intime de ces femmes. Elle me frappe en plein cœur. Mais alors que ma sensibilité est ébranlée, une part de moi, jusque-là inconnue, s’éveille dans une résonance d’une profondeur inattendue. Quelques jours à peine après l’envoi de ma lettre de sortie de l’Église, je fais la rencontre de cette part inconnue en moi, celle qui va me conduire à la découverte la plus bouleversante de ma vie et à une reconfiguration profonde de mon être profond. Je vais me découvrir autre.

As-tu déjà ressenti le besoin de te libérer de certaines croyances ou structures imposées pour retrouver ta propre vérité intérieure ?